Animaux nourriture

  • Si les consommateurs savaient vraiement dans quelles conditions sont élevés et abattus les animaux qui ont donné la viande dans leur assiette ...
  • Si les enfants faisaient le rapprochement entre leur lapin de peluche et le civet que leur sert leur mère, ou entre les trois pauvres petits cochons que le "méchant" loup veut manger et le jambon dans leur assiette ...
  • Si la visite d'une ferme pédagogique idyllique était suivi de celle s'un élevage industriel et d'un abattoir ...
  • Si au lieu d'un jovial petit cochon rose qui vante sa propre chair, les publicités montraient le sang qui coule dans un abattoir ou les cadavres qui en sortent avant d'être découpés géométriquement et présentés dans des emballages asceptisés, ou bien des poulets débéqués, déplumés, entassés dans leurs cages  ...
  • ... alors les adultes, les parents, se mettraient à réfléchir, à ouvrir leur coeur à ressentir de la compassion, et à dire la vérité à leurs enfants !

Un jour ce jour viendra !

Avis à tous les consommateurs, voici un extrait de Cet animal dans notre assiette, de quoi réfléchir avant de manger de la viande !
Par Franck Schrafstetter sur le site de l'association CODE ANIMAL.

Un extrait :

Grâce à quelques personnes qui ont eu « l'idée » de laisser vivre un cochon ou un poulet sans vouloir à tout prix le consommer, on a pu dresser le tableau comparatif suivant :

  Espérance de vie possible Age moyen d'abattage en élevage
Veaux, vaches 20 ans Le veau est abattu à 3 mois - La vache laitière, épuisée par la production de 12.000 kg de lait/an), est réformée à moins de 6 ans.
Poulet de chair 7 ans
Abattu à 6 semaines
Cochon 20 ans Abattu à 5 mois 1/2

Nombre de jeunes animaux abattus en France (Chiffres Agreste - 2003) :

Canards 73,9 Millions
Dindes 95,7 M
Pintades 29,2 M
Oies 710 000
Gallus (poules, coqs...) 779 M
Si on ajoute les 50M de poussins abattus dès la naissance.
TOTAL VOLAILLE + d'un Milliard
Lapins 40 M
Bovins 5,6 M dont 2 M de veaux
Ovins et caprins 7,4 M
Porcins 26 M
Équidés 31 000


À ceci s'ajoutent les espèces non comptabilisées (autruches, bisons, grenouilles, escargots...), les animaux chassés (légalement et illégalement), les animaux morts dans les élevages ou lors du transport (+ 4% de mortalité en moyenne), les animaux détruits pour cause de fièvre aphteuse, de peste porcine, de peste aviaire ou de vache folle, ainsi que les poissons et crustacés (que l'on ne compte même plus par lot de mille têtes mais par tonnes), sans compter les « rebuts » dérivants de ces activités. On peut ainsi raisonnablement estimer qu'au minimum 3 milliards d'animaux sont tués directement et indirectement chaque année en France pour notre consommation (hors import/export).

À cette hécatombe, s'ajoute une disparition progressive d'espèces d'animaux domestiques (la poule hergnie, la vache vosgienne, le porc noir gascon...) due à la standardisation des animaux sélectionnés pour leurs performances en production (poules Isabrown, porcs Large White...).

Cette production intensive conduit à des élevages-usines dont sont issus plus des 2/3 des cochons et volailles. Les porcs passent leurs quelques mois d'existence dans le noir, immobiles sur des sols en caillebotis ; les poules sont entassées sans possibilité de se mouvoir ni d'étendre leurs ailes. Tout est optimisé afin de produire un maximum en un minimum de temps et d'effort. Et les animaux en sont les victimes silencieuses ; leurs vies sont sacrifiées, effacées pour répondre à la demande consumériste. Pour reprendre la lucide observation de Jocelyne Porcher, « les animaux en systèmes industriels, du point de vue du système, ne meurent pas, ils sont déjà morts (1) ».

Un tel système ne peut survivre que par son opacité. Il est important que le consommateur ne puisse pas établir de lien entre son assiette et ces lieux de production, aussi traditionnels soient-ils, dans lesquels l'animal n'est rien d'autre qu'un produit de consommation en devenir.

L'éducation de l'enfant puis l'information délivrée à l'adulte sont orientées afin que rien ne transparaisse. Ainsi faut-il à tout prix rompre le lien que l'enfant pourrait établir entre son lapin en peluche ou son petit cochon rose-tirelire et le civet ou le jambon que ses parents lui feront manger. D'ailleurs, la dénomination n'est plus la même (lapin, cochon vs civet, jambon). Nombres d'histoires enfantines évoquent des animaux. Dans les « 3 petits cochons », les cochons parlent, ont des émotions. L'enfant s'émeut face à ces trois pauvres petits compagnons que le méchant loup veut manger. Et pourtant, c'est ce même enfant qui, comme chacun de nous, va, sans le savoir, devenir le grand méchant loup en consommant sa purée au jambon. Notre cruauté est attribuée au prédateur à exterminer, transposée sur lui, victime expiatoire, comme pour mieux esquiver notre propre responsabilité et nous permettre ainsi de continuer à consommer sans nous interroger. De manière générale, les fermes pédagogiques et les livres d'enfants présentent des animaux volontairement placés hors du contexte actuel des élevages. Cette mystification bucolique tend à donner une image idyllique de l'animal dans une ferme. Pourtant le véritable pédagogue devrait présenter l'animal dans un élevage industriel afin de permettre à l'enfant, adulte en devenir, de tisser le lien entre le poussin broyé ou le veau abattu et la viande qu'il consomme.

Par ailleurs, les animaux destinés à la consommation sont affublés de termes péjoratifs : « les poules sont bêtes », « les porcs sont sales », notamment. Cette dévalorisation et ce mépris de l'animal permettent de déculpabiliser comme de désinformer un peu plus le consommateur. À cet égard, les reportages télévisuels ne s'attardent que trop rarement sur les conditions de vie des animaux en élevages industriels. Si des associations de défense animale n'avaient pas fait des investigations, qui s'en serait soucié ? Ainsi, les élevages sont-ils devenus des bunkers dont on ne peut percevoir que les contours ; les abattoirs ont-ils été reculés aux périphéries des villes et loin des lieux de vente. Comme le souligne Florence Burgat « celui qui tue n'est plus celui qui vend »(2). Les cadavres ont disparu pour laisser la place aux carcasses qui à leur tour ont été reléguées dans des chambres réfrigérées et closes. Les devantures des magasins ne présentent plus que de la viande en morceaux conditionnés, aseptisés, cuisinés aux formes géométriques. Quant à la publicité, complice active du système, elle ne montrera jamais les élevages ou l'abattage, mais axe de plus en plus ses annonces sur cet « amour de la viande » et sur des animaux très guillerets qui font eux-mêmes l'apologie de leur propre chair !

Toutefois, si une partie de la population s'interroge sur les conditions d'existence imposées à l'animal et s'apitoie sur ses souffrances, le système doit impérativement anesthésier les inquiétudes du consommateur et, le déculpabiliser ainsi de se nourrir de vies animales. Pour cela, le Bureau de la Protection Animale veille, tout étant sous l'étroit contrôle de spécialistes. Comme son nom ne l'indique pas, ce bureau, représenté sur le terrain par les Directions Départementales des Services Vétérinaires, dépend directement du Ministère de l'Agriculture. Concrètement, il en résulte que la protection de l'animal est liée à sa destination, c'est-à-dire à sa mort ! Autant dire que l'animal n'a en lui-même aucune existence et que cela ne dérange personne.

Mais, l'anesthésique absolu est récent et se nomme « bien-être animal ». Ce concept est venu ces dernières années, tel un label de bonne conduite, rassurer le consommateur. De nouvelles normes sur les transports ou sur la superficie consentie à l'animal en batterie ont été programmées afin d'améliorer en apparence, le « bien-être de l'animal », ce dans quelques années seulement. Mais enfin, peut-on décemment parler de « bien-être » dès lors que l'animal reste enfermé dans un bunker et qu'il est abattu dès l'enfance ? Avant de vouloir « bien-être », nul ne peut nier que l'animal souhaiterait tout simplement ... être, c'est-à-dire pouvoir gratter, picorer, courir, se reproduire, farfouiller, jouer. Est-ce trop idéaliste de penser que le veau voudrait pouvoir téter sa mère plutôt que de lui être arraché et qu'il voudrait tout simplement vivre, voire ne pas mourir tout de suite ?

En tout état de cause, même lorsque le consommateur sait, il ferme les yeux par indifférence ou par faiblesse ; les coupables sont toujours ailleurs. D'un bout à l'autre de la chaîne, l'homme accuse le système alors pourtant qu'il accepte d'être l'un de ses rouages, lui permettant ainsi de fonctionner et de broyer chaque année des millions de vies. L'homme se trouve des excuses, des justifications, des alibis ; il se fond dans la masse silencieuse à la source de laquelle il alimente sa faiblesse et devient ainsi complice d'un système qu'il n'ose combattre. Et pourtant il suffirait, pour mettre fin à cette oppression, à cette réification de l'animal, que l'homme accepte, simplement, de laisser remonter en lui ce sentiment de compassion trop longtemps oublié .

Décembre 2004

(1) Jocelyne Porcher, La mort n'est pas notre métier, Editions de l'aube, 2003

(2) Florence Burgat, L'animal dans les pratiques de consommation, PUF, 1995

La reproduction du texte de cette page est autorisée
sous réserve de citer la source et les auteurs.